Blog > Santé à domicile
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Publié le 25 octobre 2022 • Lecture : 6 min read
Les soins de santé à domicile sont plébiscités par les patients, soucieux de profiter d’un suivi thérapeutique de qualité dans un cadre familier. Le secteur bénéficie également d’avancées techniques continues et du soutien affiché des pouvoirs publics, qui y voient une source d’économies potentielles.
Sur le terrain, le quotidien des intervenants s’apparente pourtant au parcours du combattant. Pris en étau entre la pénurie de personnel et le manque de moyens, les professionnels de la santé à domicile alternent entre colère et résignation, en attendant la réforme du mode de financement annoncée pour 2023.
Sommaire de l’article :
Pour les SSIAD, les soins de santé à domicile représentent un défi quotidien. Le nombre de patients à prendre en charge augmente. Les professionnels de santé à domicile sont en sous-effectif chronique. C’est pourquoi la réforme annoncée suscite autant d’espoir que d’interrogations.
Sur notre page de blog consacrée à la santé à domicile, nous partageons régulièrement avec vous des expérimentations et des initiatives très positives dans ce domaine.
Le CHU de Caen expérimente par exemple depuis 2010 l’hospitalisation à domicile de bébés prématurés, à condition qu’ils pèsent au moins 1,7 kg et que leurs parents résident à moins de 35 km.
Les pouvoirs publics, qui ont enregistré les résultats très positifs de ce mode de prise en charge pour toute la famille, ont ainsi décidé de l’étendre à 10 équipes en France pour 3 ans supplémentaires.
Mais les nouveau-nés ne sont pas les seuls à bénéficier de ces avancées thérapeutiques. De nombreux patients peuvent désormais être soignés à domicile plutôt qu’à l’hôpital, y compris les malades en fin de vie ou dont l’affection nécessite des soins lourds (chimiothérapie, dialyse, radiothérapie, etc.).
Les avantages de l’hospitalisation à domicile (HAD) sont multiples pour les patients et leurs proches :
Au-delà de l’HAD, les demandes pour des soins de santé ou de l’aide à domicile sont toujours plus nombreuses. Les patients et leurs familles apprécient les bienfaits d’un accompagnement de proximité, souvent perçu comme plus « humain ».
De multiples solutions numériques contribuent également à un maintien à domicile qualitatif et sécurisé :
Pas simple cependant pour le grand public de se repérer dans ce secteur à l’organisation complexe, où coexistent 4 types de structures :
Mais là où le bât blesse, c’est sur la question des moyens humains. Selon les chiffres communiqués par la Cour des comptes, il faudrait recruter d’ici 2030 environ 82 000 équivalents temps plein (ETP) pour faire face au vieillissement de la population, répartis comme suit :
Ces chiffres, repris à la page 91 de ce rapport d’information du Sénat, sont certes alarmants. Mais ils le sont encore plus quand on sait que ces métiers souffrent déjà d’un sous-effectif chronique. Le manque d’attractivité des professions du soin à domicile s’explique par de nombreux facteurs désormais bien documentés :
Conséquence de cette pénurie endémique de personnels, les absences et les refus de soins deviennent monnaie courante et se traduisent de plusieurs façons :
Toujours d’après les chiffres de la Cour des comptes, « environ 15 % des refus seraient liés à un besoin de prise en charge trop élevé en regard de la dotation allouée au service ». Des refus de soins seraient ainsi fréquemment opposés aux personnes diabétiques.
Or, un suivi discontinu peut vite devenir dangereux, notamment lorsque le patient est atteint d’une maladie neurodégénérative.
Pour tenter de sortir de ce contexte difficile, les associations spécialisées et les prestataires de santé à domicile protestent depuis des mois. Cet été encore, les professionnels du secteur ont alerté les pouvoirs publics face au risque de non-prise en charge de certains patients, pouvant conduire à des situations indignes.
Officiellement, tous les interlocuteurs se montrent extrêmement favorables au renforcement des soins à domicile : ministère des Solidarités et de la Santé, Assurance Maladie, Parlement, Cour des comptes, etc. À prise en charge équivalente, les soins à domicile représentent en effet une alternative économique à l’hôpital ou à l’EHPAD. Mais dans les faits, les réponses concrètes des pouvoirs publics se font attendre, au grand dam des professionnels.
Depuis juin 2022, l’Agence Technique de l’Information sur l’Hospitalisation (ATIH) conduit un important travail de recueil de données sur les structures et les actes de soins. Baptisée SI-2SID (Système d’Information – Services de Soins Infirmiers à Domicile), cette collecte à caractère obligatoire concerne 2 types de structures :
L’objectif affiché de cette démarche est d’analyser l’activité de ces services de façon quantitative et qualitative, avant une réforme du financement des prestations de soins à domicile qui entrera progressivement en vigueur à partir du 1er janvier 2023. Cet important travail de collecte doit permettre de calibrer un nouveau modèle tarifaire plus adapté au coût réel des interventions chez les personnes fortement dépendantes ou handicapées, sans toutefois relever des services d’hospitalisation à domicile.
Selon les chiffres communiqués par la direction générale de la cohésion sociale en mai 2022, ce sont 39 millions d’euros qui s’ajouteront en 2023 aux moyens des SSIAD et des SPASAD, pour atteindre 229 millions d’euros au total d’ici 2027.
Concrètement, l’ARS devrait recalculer la dotation cible de chaque structure (SSIAD ou SPASAD) proportionnellement à la « lourdeur » des personnes accompagnées, au lieu de fixer cette somme de façon forfaitaire.
Un décret publié fin 2022 doit préciser ces nouvelles conditions financières pour les 5 années à venir.
À cette réforme comptable s’ajoutent des changements plus structurels avec l’émergence des services autonomie à domicile, prévue par l’article 44 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022.
Cette réorganisation, qui s’inspire très fortement de l’exemple des SPASAD (Services Polyvalents d’Aide et de Soins à Domicile), vise à fusionner d’anciens SAAD et SSIAD pour créer des services intégrés « autonomie à domicile ». Ces nouvelles structures dispenseraient à la fois des prestations d’aide au quotidien et des soins infirmiers.
Sur le plan budgétaire, un financement spécifique additionnel versé par les agences régionales de santé est prévu afin d’inciter un maximum d’acteurs à proposer les 2 types de prestations.
Cependant, quand on connaît les difficultés de recrutement et d’organisation déjà rencontrées par ces professionnels, nul n’est aujourd’hui en mesure de prévoir leur adhésion effective à ces nouvelles mesures…
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