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Comment organiser la collecte des biodéchets ? – l’exemple de VALO’Prest

Publié le 19 février 2024 • Lecture : 8 min read

Dans un monde aux ressources finies, l’économie circulaire devient une nécessité pour prolonger l’utilisation des matières premières. Notre client VALO’Prest, société mosellane à l’origine et désormais présente sur l’ensemble de la région Grand Est, l’expérimente déjà depuis plusieurs années avec le ramassage, le traitement et la valorisation des huiles usagées (HAU).
Avec l’extension au 01/01/2024 de l’obligation de collecte des biodéchets pour tous les particuliers et professionnels, leurs méthodes pourraient servir d’exemple pour de nombreuses entreprises. Nous avons donc interrogé le responsable d’exploitation de VALO’Prest, Alexis Laurent.
Dans cet article, nous vous livrons les résultats de ses observations et de nos recherches, sur :

• Le système de collecte des HAU et biodéchets de VALO’Prest
• Les réglementations et mutations à venir dans la collecte des biodéchets
• Les méthodes à suivre pour optimiser la logistique circulaire des déchets

La collecte des biodéchets est une pratique essentielle pour l’économie circulaire. Face aux nouvelles réglementations et aux mutations à venir, les responsables d’exploitation doivent optimiser la logistique circulaire des déchets. Parmi les solutions possibles, nous retrouvons la décarbonation des processus, l’amélioration du tri à la source et l’optimisation des tournées.

Quel système de collecte et de traitement des déchets a mis en place VALO’Prest ?

Revenons déjà sur la raison d’être du groupe VALO’.
VALO’ est un groupement d’une quinzaine d’entreprises de l’économie sociale et solidaire. De nombreux métiers forment le groupe, mais tous se rejoignent sur une mission centrale : l’insertion.

Plusieurs entreprises du groupe VALO’ sont spécialisées dans l’économie circulaire :

• VALO’Prest est en charge de la collecte des déchets avec une dimension réemploi ;
• Triplast, l’exploitation récemment créée, trie le plastique et les huisseries en fin de vie afin qu’ils soient mieux valorisés ;
• VALO’33 est un essaimage du groupe en Gironde, qui mène des missions similaires à VALO’Prest

VALO’Prest est organisée en SCOP, détenue à plus de 50% par ses salariés. Depuis son site de Florange en Moselle, elle exerce sur toute la région Lorraine, et travaille de concert avec VALO’33 en Gironde.

Collecte des huiles usagées (HAU)

Ces deux sites utilisent des process similaires pour la collecte, le tri et le réemploi des huiles usagées.

Ils collectent en bidons bleus de 60, 120 ou 220 litres des huiles de friture, en provenance principalement de restaurateurs, et parfois de cantines scolaires ou de déchetteries.

Ces huiles sont collectées à la demande ou de manière régulière (toutes les deux semaines ou tous les mois selon le contrat établi).

Le process est organisé en 4 étapes :

1. Les collecteurs réalisent leur tournée dans la journée ou sur 2 jours consécutifs. Les collectes d’huiles sont parfois hebdomadaires.
2. Ils ramènent les futs d’huile sur les sites de tri respectifs de VALO’Prest en Moselle ou en Gironde.
3. Ils les filtrent et les stockent. En revanche, les huiles de mauvaise qualité de type moteur sont mises au rebut.
4. L’huile stockée en réservoirs IBC sur les 2 sites est pompée par des camions citernes et réinjectée dans le circuit de biocarburant B100 pour poids lourds.
5. Sur le site de Florange, l’huile est également transformée en biolubrifiant biodégradable pour tronçonneuses. Cette transformation brevetée BIOLUB nécessite des filtrations supplémentaires, et l’ajout d’additifs naturels, pour améliorer la viscosité du produit. Elle est ensuite convertie en petits bidons de 5 à 20 litres selon les besoins des clients.

Collecte des biodéchets

VALO’Prest collecte également des biodéchets depuis de nombreuses années. Ce process s’amplifie depuis le début de l’année, avec la mise en place de la REP et l’extension du tri à la source à tous les professionnels à travers la loi AGEC. Depuis le 1er janvier 2024, le tri des biodéchets des restes alimentaires à la source est obligatoire pour les professionnels de la restauration.

À la différence des huiles, VALO’Prest collecte ces biodéchets dans des bacs roulants, similaires à des conteneurs à poubelle. Ces bacs sont soudés sur le côté, pour éviter fuite et odeurs pendant le transport.

Ces biodéchets sont ensuite massifiés dans des caisses palettes de 660 litres, avant d’être envoyés en centre de traitement pour méthanisation.

Quelles sont les réglementations et mutations à venir dans la collecte des biodéchets

Obligation de tri et collecte à la source des biodéchets

Les biodéchets regroupent les déchets de jardin et de parc, ainsi que les déchets alimentaires et de cuisine.

Le tri à la source des biodéchets est déjà obligatoire depuis 2016 pour les producteurs générant plus de 10 tonnes par an. C’était également déjà le cas pour les huiles usagées, pour toute production supérieure à 60 litres par an.

Depuis le 1er janvier 2024, conformément à la loi AGEC, cette obligation s’applique également à tous les producteurs et collectivités. L’objectif est de permettre leur revalorisation ou leur retour au sol, par un compostage dans l’établissement concerné, ou par une collecte séparée.

Développement des REP et réorganisation des filières

La Loi AGEC a également initié la mise en place de 11 nouvelles filières REP (Responsabilité Élargie des Producteurs), en plus des 12 déjà existantes.

Les huiles minérales ou synthétiques, ainsi que les matériaux de construction (PMCB) en font partie depuis le 1er janvier 2022. Et les emballages des professionnels de la restauration se sont rajoutés en 2023, avant le lancement de la REP pour tous les autres emballages en 2025.

Ces filières sont créées pour prendre en charge la fin de vie des produits mis sur le marché, améliorer leur réemploi et leur traçabilité.

Les producteurs concernés par ces filières doivent faire le choix d’un éco-organisme. Celui-ci passe ensuite des appels d’offres auprès d’organismes collecteurs. L’objectif est de nationaliser et de professionnaliser la filière, pour faire passer l’économie circulaire à une autre échelle.

Ces REP changent également le processus de travail de collecteurs tels que VALO’Prest :

• Le collecteur ne traite plus en direct avec les clients. Il est sélectionné par un éco-organisme au travers d’un appel d’offres.
• Pour gagner ces appels d’offres, le collecteur doit prouver sa capacité à traiter de plus gros volumes. D’où la création de l’entité de tri « Triplast » et de nouveaux projets de coopération, avec des groupes tels que Suez.

Les méthodes à suivre pour optimiser la logistique des biodéchets

Massifier et décarboner les process

La création de ces filières génère également des réponses plus complètes aux défis environnementaux posés par la collecte des déchets et le développement de l’économie circulaire.
Pour faciliter leur revalorisation, les biodéchets doivent être en effet :

• déconditionnés pour séparer les déchets alimentaires des emballages ;
• broyés ou séchés pour diminuer la fréquence des collectes et l’odeur ;
• compactés pour prendre moins de place avant leur transfert et méthanisation ;
• transportés massivement, sans générer davantage de pollution.

Ces enjeux supposent des investissements supplémentaires de la part des collecteurs ou la mise en commun de techniques complémentaires entre acteurs de la filière.

VALO’Prest se réorganise actuellement pour être en mesure d’accueillir et traiter plus de biodéchets :

• Il prévoit de s’associer à des partenaires équipés de bio-décongestionneurs, pour mettre les biodéchets en vrac et faciliter leur méthanisation.
• Il envisage également le déploiement de petits véhicules électriques, pour transporter les déchets de manière décarbonée. Ceux-ci seront suivis par un investissement dans des camions bennes étanches, pour massifier davantage les déchets envoyés en centres de traitement. De concert avec le groupe Suez, il a inclus ces projets dans sa réponse à l’appel d’offres dédié à la collecte décarbonée en Sillon Lorrain (de Nancy à Thionville).

Et ces investissements sont loin d’être vains. Ils pourront être en partie dupliqués aux emballages commerciaux, lors de la mise en place de la REP à horizon 2025.

Améliorer le tri à la source pour développer l’économie circulaire

La quantité est certes importante, pour pouvoir massifier et limiter les coûts de transport. Mais la qualité du tri est primordiale pour le développement de l’économie circulaire.

VALO’Prest l’a notamment constaté avec les huiles usagées. Ces huiles sont difficilement exploitables, car elles contiennent fréquemment des mélanges d’huile de friture et d’huile de vidange ou de moteur. Cela suppose ensuite de recréer toute la structure chimique pour les exploiter, ce qui n’est pas viable économiquement.

La société VALO’Prest en a également fait l’expérience avec d’autres types de déchets, tels que les matériaux de construction.

Mieux les déchets sont isolés à la source, plus le traitement et la revalorisation sont facilités.

Pour réduire cet impact, il est possible de facturer des frais de sur-tri aux producteurs de déchets et déchetteries. Cette solution les alerte sur l’importance de cette étape de tri.

Optimiser les tournées pour gagner en efficacité

Pour être viables, les opérations de collecte doivent également être optimisées. Et c’est d’autant plus nécessaire, lorsque les volumes croissent et que le nombre de points de collecte augmente par tournée.

Selon Alexis Laurent, pour des tournées connues de 4 bennes par journée, il n’y a pas forcément besoin d’un logiciel pour ordonner. Mais lorsque les points de collecte se multiplient, avec des volumes différents, cela devient une autre paire de manche. C’était le cas notamment de leurs collectes d’encombrants, avec une vingtaine d’adresses différentes par tournée et des volumes disparates selon les objets à collecter (des tables de chevet aux sommiers).

Depuis 3 ans, VALO’Prest a fait le choix du logiciel d’optimisation de tournées d’AntsRoute. Il lui permet de gérer les tournées de 3 chauffeurs en Moselle et de 7 chauffeurs en Gironde.

En plus des encombrants, l’entreprise VALO’Prest utilise ce logiciel pour la collecte de cartons auprès des restaurateurs. Et elle commence à le mettre en place pour récupérer les huiles usagées.

Elle peut ainsi mieux organiser ses itinéraires et maîtriser le remplissage de ses véhicules. C’est notamment très utile dans les zones de grande densité routière comme à Bordeaux, ou pour répondre aux autres problématiques de logistique urbaine.

Mais le logiciel d’optimisation de tournées s’avère également très judicieux, pour les livraisons de matériaux divers ou lorsque les points de collecte sont plus éloignés les uns des autres comme sur le sillon mosellan.

« Et avec les contractualisations à venir pour la collecte des biodéchets, les tournées seront mises en place avec AntsRoute, la question ne se pose même pas. Tout comme pour la collecte de cartons, avec ce logiciel, on n’a plus besoin de penser à l’organisation des tournées et on économise à la fois du temps, de l’argent et du gazole »

Ce logiciel fonctionne en binôme avec leur logiciel métier (stock, réglementation, administration client). Et une API est en cours de déploiement pour améliorer la fluidité entre les 2 logiciels. Cela permettra notamment de mieux gérer les obligations de reporting demandées par les REP.

Dans les projets de coopération avec AntsRoute figure également l’utilisation de l’IA, pour optimiser le colisage des camions.

L’optimisation devient un élément majeur dans cette filière naissante de la collecte des biodéchets, pour l’aider à être adoptée vite et efficacement.

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